Le lapin et le samouraï

Cet article commence presque comme un koan (un court poème japonais utilisé dans le zen), tant il cultive le paradoxe.  De paradoxe il sera question avec le samouraï, mais parlons d’abord du lapin.

vintage rabbitLe lapin

Le lapin dans la forêt est un lapin dans la forêt.  Un haïku cette fois, vous dites-vous?  Non, je m’explique.  Un lapin ne se pose pas de questions existentielles.  Il connaît certes des moments de stress, comme quand il est pourchassé par un renard ou quand la nourriture vient à lui manquer.  Mais il ne se pose pas de questions quant à savoir quel est son destin, sa mission, son but dans la vie.  Il EST, et il est un lapin.  Il accomplit son destin de lapin.  Il vit certes dans un monde violent, mais il est au-delà de la connaissance : plus que de savoir qu’il est un lapin, il est dans le « flux lapin » et accomplit jour après jour son destin de lapin. Il est dans la non-pensée, qui lui permet d’aborder la violence de ce monde dans la sérénité.  Un lapin est certes toujours aux aguets, mais il n’est pas « stressé ».

vintage samuraiLe samouraï

Le samouraï, quant à lui, s’efforce d’atteindre la non-pensée, seul moyen pour lui, comme le lapin, de faire face à la violence dans la sérénité.  Je vous invite à visionner la vidéo ci-dessous, extraite du film « Le dernier samouraï » avec Tom Cruise.

Le samouraï accomplit pleinement son destin grâce à la non-pensée.  Mais la comparaison s’arrête là.  La différence majeure entre le lapin et le samouraï est que le lapin EST un lapin, tandis que le samouraï DEVIENT un samouraï.  Et il le devient jour après jour, par la force de sa volonté.  Volonté d’entraînements physiques terriblement éprouvants, et volonté de pratiquer l’une ou l’autre forme de méditation.  C’est la combinaison des deux, l’exercice mesuré de la violence  et l’application de la non-pensée qui feront de lui ce guerrier invincible qu’il aspire à devenir, dans une quête sans fin.

Le choix

En d’autres termes, le lapin est serein parce qu’il accomplit son destin de lapin.  Il ne l’a cependant pas choisi, et ainsi il ne connaît pas la liberté.  Il est constamment dans la non-pensée.  En revanche, le samouraï ne connaît la sérénité, la non-pensée, que parce qu’il en a fait le choix, un choix conscient.  En choisissant de s’entraîner dur, d’opter pour un programme de méditation, le tout selon des routines établies, il pourra, lors des épisodes violents de sa vie, entrer à volonté dans la non-pensée et les aborder en toute sérénité.  Pour ce faire, il a choisi son destin.  Il a choisi de restreindre sa liberté pour gagner en efficacité et en sérénité.  Il a fait le choix du guerrier, de tous les guerriers, guerriers de la lumière ou guerriers de l’ombre.

Liberté, destin et objectifs

L’éternelle question philosophique qui demande à trancher entre destin et libre arbitre est ainsi éclairée d’un jour nouveau.  Vous n’êtes pas un lapin.  Vous n’avez pas reçu un instinct animal qui vous dicte ce que vous devez faire à tout moment du jour ou de la nuit.  Vous êtes libre de choisir ce que vous voulez faire.  Vous avez la liberté de choisir votre destin.  Et même si le contraire était plus confortable, vous ne pouvez pas échapper au fait que vous devez choisir votre destin vous-même.  Vivre une vie de samouraï et opter pour un tel destin, une telle vocation, sans concessions, ce qui implique de réduire considérablement à court terme votre liberté, volontairement et consciemment, n’est sans doute pas votre tasse de thé (japonais, bien sûr).  Mais nous pouvons tous, à notre échelle, nous fixer des buts dans la vie, des objectifs plus grands que nous-mêmes et basés sur une vision, sur un rêve.  Pour ensuite mettre en place les habitudes, les routines, qui nous permettront, jour après jour, de nous en rapprocher.

Et vous ?

Et vous, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?  Plutôt lapin ou plutôt samouraï ? Pourquoi ?

L’inspiration pour cet article m’est venue lors d’une conversation avec Jo Sakura, que je tiens à remercier chaleureusement.

Auteur : David Suchat

David Suchat est en quête de lui-même et de sa créativité, tout en cherchant à demeurer un parfait gentleman en toutes circonstances. En chemin, il rencontre toutes sortes choses amusantes : développement personnel, gestion du temps, organisation personnelle, gestion financière, productivité, philosophie, métaphysique, outils web,… Il croise aussi, de temps à autre, des cocktails démodés. Il a traduit et publié en français un monument de développement personnel et de britishness, « Performance mentale » d’Arnold Bennett. Sa devise est « Cupio, Credo, Habeo ».

2 réflexions sur « Le lapin et le samouraï »

  1. Excellent article! Comment je me sens aujourd’hui? Comme un samouraï… à la recherche de la sérénité face à tout ce qu’il voit, à tout ce qu’il ressent et à tout ce qu’il doit choisir ou rejeter. Certes, ma situation physique est dans mon destin, mais la manière dont j’affronte le monde fait partie de mon choix de chaque instant.

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